J’ai jugé utile de vous parler aujourd’hui de la méthode de saponification que j’ai choisie pour mes savons. J’espère vous faire passer à travers cet article un peu de l’amour que je mets dans ma fabrication des savons au chaudron !
Pour commencer, il faut savoir comment est crée un savon !
Le savon est le résultat d’une réaction entre le mélange d’un corps gras (huiles / beurres d’origine végétale ou animale) avec un alcali (potasse, soude). Dans les méthodes de fabrication artisanale que nous allons voir, les corps gras sont très souvent en excès : cela permet d’avoir des savons « surgras ». Ainsi, la soude disparaît complètement à la fin de la réaction de saponification et la glycérine obtenue est conservée dans le produit fini.

Nous entendons énormément parler des propriétés de la saponification à froid, connue sous le nom de « SAF« . Elle consiste à faire chauffer légèrement les corps gras solides pour les faire fondre, ou sans chauffe pour les corps huileux. Une « lessive de soude » (eau + hydroxyde de sodium) est ensuite réalisée puis mélangée aux corps gras. Différents ajouts sont ensuite faits en fonction des recettes. Le tout est coulé dans un moule le temps que la saponification se fasse puis que la pâte à savon durcisse (plus ou moins 48h). La saponification est une réaction exothermique : la température monte donc dans le moule.
L’inconvénient ? Toutes les huiles / beurres et « ajouts » sont mélangés au moment où la lessive de soude est encore active. La saponification étant en cours, il est pratiquement impossible de savoir quelle huile ne sera pas dégradée par la soude pour constituer le surgras. Cependant, cette méthode laisse une plus grande liberté de décoration du savon : marbrage, pochage…
La cuisson à chaud, ou au chaudron, est décriée à cause de son utilisation dans le milieu industriel. En effet, les températures montent haut dans ce cas (plus de 120°C) et souvent pendant plusieurs heures (voire plusieurs jours). La pâte à savon est ensuite rincée avec une solution eau + sel afin de retirer l’excès d’alcali. Cette étape s’appelle le relargage. Malheureusement, ce processus retire également toute la glycérine naturellement présente. Finalement, cette méthode industrielle produit un savon sans surgras ni glycérine, mais à la liste d’ingrédients très souvent longue et rarement qualitative. Vous retrouverez ce genre de savons en grande surface, sur internet et malheureusement même sur certains marchés. Ce sont eux qui tiraillent et assèchent la peau. Avant tout tentez de déchiffrer les ingrédients !
Le savon au chaudron de L’Atelier des Abers

Mes huiles sont chauffées en dessous de 80°C afin de préserver au maximum leurs propriétés. J’utilise pour le moment principalement de l’huile d’olive (point de fumée : 190°C) et de l’huile de tournesol (point de fumée : 160°C). Le point de fumée indique la température à laquelle une huile commence à se dégrader.
Je commence par chauffer mes huiles aux alentours de 70-75°C dans mon bain-marie. J’ajoute ensuite ma lessive de soude. L’étape suivante consiste à mixer le mélange pour faire épaissir la pâte à savon. Une fois cette première étape terminée, j’éteins mon bain-marie. Mon mélange a chauffé moins d’une heure à ce stade. Il faut alors attendre le temps que la saponification se fasse d’elle-même. Je profite de sa magie pour voir les diverses étapes se dérouler sous mes yeux. Une fois la saponification terminée, c’est le moment de faire tous mes ajouts « précieux »: dans le cas de notre savon Calmovia, la crème d’avoine et le miel. Le surgras, lui est apporté par le macérat de Calendula. Les ingrédients sont sélectionnés avec soin pour vous apporter toute la douceur que vous méritez. Le gros avantage de la cuisson au chaudron faite de manière artisanale est de préserver totalement le surgras choisi, ainsi que les propriétés de tous les autres ingrédients ajoutés en fin de préparation. En effet, l’hydroxyde ayant disparu et la température étant redescendue, le milieu est plus propice à la conservation des propriétés de nos ingrédients. De plus, la glycérine naturellement présente est conservée. Cela permet d’avoir un savon de qualité, non asséchant et tout doux pour votre peau.
Astuce : sur un savon artisanal, la méthode est presque toujours précisée (saponification à froid ou au chaudron / à chaud). Malheureusement, certains « artisans » se targuent de faire du savon « artisanal » alors qu’il ne s’agit que de savons réalisés à partir de bondillons. Je ferai un prochain article à ce sujet.
En cas de doute, n’hésitez pas à poser des questions à l’artisan sur sa fabrication. Un véritable artisan aura toujours grand plaisir à parler de sa passion et sera souvent intarissable. Si la liste d’ingrédients vous paraît peu claire, écoutez votre instinct et passez votre chemin !
À retenir

- En saponification à froid : on ne chauffe pas ou peu les huiles / beurres au départ. Tous les ajouts, y compris le surgras, sont faits durant la saponification. L’inconvénient est que leurs bienfaits sont donc plus ou moins altérés. En revanche, la pâte est beaucoup plus fluide et permet de faire des effets de marbrage plus facilement.
- En saponification à chaud (ou au chaudron): on chauffe légèrement les huiles / beurres. La saponification est donc accélérée. Une fois la réaction terminée, nous mettons nos « ajouts » et notre surgras. L’avantage est que leurs bienfaits sont mieux préservés. Cependant, la pâte obtenue est beaucoup plus épaisse. Nous sommes limités dans les effets esthétiques que l’on peut donner au savon. Personnellement, j’adore le coté rustique que cela apporte à mes savons!
Dans les deux cas, la glycérine est naturellement présente puisqu’elle n’est pas retirée.
En conclusion, les deux méthodes sont bonnes pour votre peau. C’est à vous de choisir, selon vos préférences, laquelle vous convient le mieux.
J’espère que cet article vous aura permis d’en savoir un peu plus sur la merveilleuse « cuisson au chaudron ».
Je vous dis à très vite dans l’Atelier!
Cindy.
Retrouvez notre tout premier savon au chaudron en cliquant ici